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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/22

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La journée se passa dans ces angoisses et ces alarmes continuelles, sans que le courage de Madeleine de Verchères se démentît un seul instant. Le trait qui suit démontrera mieux que toute réflexion le sangfroid et l’intrépidité incroyables de cette toute jeune fille. Une heure avant le coucher du soleil, elle se rappela qu’elle avait laissé le matin du linge et des couvertures hors du fort, au lieu même où les Iroquois l’avaient manquée.

— Il faut aller chercher ce linge, dit-elle à ses hommes ; voulez-vous venir avec moi ?

Le silence qui accueillit sa proposition lui en prouva pour le moins l’étrangeté.

— Prenez vos fusils et venez avec moi, dit-elle à ses deux frères. Quant à vous, ajouta-t-elle aux autres, tirez sur l’ennemi sans discontinuer.

La porte s’ouvrit encore une fois devant cette ménagère modèle qui, toujours le fusil à la main, partit et revint saine et sauve, ployant sous le poids de son far-