Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/44

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Ses méchants bas, trop souvent ravaudés, laissaient voir, par de nombreux accrocs que l’aiguille avait vainement voulu refermer, les frêles jambes de la petite, toutes bleuies par la gelée ; pendant que les souliers, privés de leurs boucles, semblaient se complaire à mettre en contact avec la neige les mignons pieds qu’ils auraient dû si soigneusement protéger.

C’était une courte mais navrante histoire que celle de leur misère.

Vieux débris des guerres occasionnées par les successions d’Espagne et d’Autriche, M. de Rochebrune avait émigré au Canada, où il avait été d’abord enseigne, puis lieutenant d’une compagnie de la marine, à venir jusqu’à l’été de 1755.

C’était un pauvre officier de fortune. Il n’avait pour tout bien qu’une petite rente qui venait de s’éteindre par la mort de sa femme. Or, comme le faisait remarquer M. Doreil dans une lettre du 20 octobre 1758, adressée au ministre de la guerre,