Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un geste de désespoir lui lit porter la main à son front. Dans ce mouvement, il rencontra sous ses doigts la croix d’or qu’il devait à son courage.

— Oh ! mais comment n’y ai je pas pensé plus tôt ? s’écria-t-il. Ne me reste-t-il pas encore ma croix ? Mon Dieu ! aurais-je jamais pu m’imaginer qu’il me faudrait un jour trafiquer cet insigne d’honneur ! N’importe, viens, Berthe, tu auras du pain cette nuit ! Allons à l’intendance, où j’échangerai à la Friponne, contre quelques vivres, ma croix de Saint-Louis ! Clavery, le garde-magasin, veille peut être encore, occupé à compter les profits de sa journée ! Les Québecquois appelaient la Friponne une maison de commerce établie par Bigot, près de L’intendance, dans le but de s’attirer tout le négoce et surtout de fournir les magasins du roi.

« L’intendant envoyait tous les ans à la cour L’état de ce qui était nécessaire pour l’année suivante : il pouvait diminuer à son gré la quantité à demander, qui d’ail-