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Page:Marmette - Le tomahahk et l'épée, 1877.djvu/33

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Pendant que Mornac à demi tourné vers la fenêtre continuait à regarder négligemment au dehors, le Renard-Noir reprit son récit.

« — Nous étions encore à une journée de marche de Téanaustayé, ou Saint-Joseph, qui était la principale bourgade de la nation et celle que j’habitais avec Fleur-d’Étoile et mes fils, lorsque, en mettant pied sur le rivage pour y passer la nuit, nous trouvâmes un pauvre vieux guerrier de notre village. Il était blessé gravement et se traînait à peine. À notre vue il se mit à pousser des gémissements lamentables. « Mes fils, s’écria-t-il, semblent être dans la joie quand ils devraient pleurer toutes les larmes de leurs yeux ! » Nous crûmes que ses esprits s’étaient égarés par suite de l’affaiblissement où il se trouvait. Il s’en aperçut et nous dit : « Pleurez, ô mes fils ! pleurez vos femmes et vos enfants massacrés ; pleurez les vieillards de la nation disparus ! Téanaustayé n’est plus ! Les Iroquois ont brûlé nos cabanes après en avoir surpris et tué tous les habitants ! Blessé moi-même j’ai pu m’échapper et m’enfuir jusqu’ici, où depuis plusieurs