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Page:Marmette - Le tomahahk et l'épée, 1877.djvu/39

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lement au loin sous la lumière bleuâtre de la lune.

Après un hurlement prolongé, la voix des chiens s’éteignit encore en un grognement menaçant, et le Renard-Noir poursuivit d’un ton morne et sourd :

« Pendant la saison des neiges qui suivit, je tâchai de persuader à nos guerriers d’être plus défiants que par le passé et de garder les environs de nos bourgades pour ne pas être surpris. Ils m’écoutèrent d’abord ; mais l’insouciance funeste qui a perdu notre malheureuse nation reprit bientôt le dessus, et ils finirent par mépriser la voix d’un chef plus expérimenté qu’eux tous. Mes fils m’avertirent que l’on murmurait même contre moi. On m’accusait d’être la cause de tous les maux qui avaient fondu sur nous. Depuis, disait-on, que le Renard-Noir avait amené les missionnaires avec lui, la nation semblait avoir été abandonnée du Grand-Esprit. C’était les sorciers et les païens qui répandaient ces bruits.

« L’hiver était fini et le soleil du printemps achevait de fondre la neige autour de nos cabanes, lorsque mes quatre fils