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ensuite charger les mousquets et les mettre en faisceaux, les mèches allumés. Que les hommes se couchent tout habillés pour être prêts en cas d’alerte !

Trois heures après, à part les sentinelles qui veillaient, l’arme au bras, à la porte et aux quatre coins du fort, chacun dormait profondément. Le silence régnait sur les bois et le fleuve.

Le feu allumé au centre du fort avait beaucoup diminué d’intensité. La flamme allait s’abaissant toujours, à mesure qu’elle manquait d’aliments. Peu à peu elle tomba au-dessous du niveau des courtines du fort, et ses lueurs cessèrent d’éclairer les arbres d’alentour et d’aller scintiller au loin sur les eaux. Elles ne furent bientôt plus que des aigrettes rouges que la brise faisait trembloter, jusqu’à ce qu’enfin, sur ces tisons à moitié carbonisés, l’on n’aperçût plus que de petites langues de feu qui léchaient doucement le bois, et disparaissaient pour se montrer encore l’instant d’après, comme ces feux-follets capricieux que l’on voit se jouer le soir au-dessus des marécages.