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Les gardes postées à la porte, et les sentinelles de trois des bastions, allaient et venaient sur le parapet pour ne pas se laisser saisir par la fraîcheur du soir.

Seule dans le terre-plein du bastion de l’ouest, la sentinelle s’était arrêtée. Les deux mains sur la gueule de son arquebuse, les reins appuyés contre le rempart, dans l’angle flanqué, c’est-à-dire dans la partie la plus saillante du bastion, le soldat rêvait en laissant errer ses regards sur la forêt assombrie. À quoi songeait-il ? À la patrie sans doute ; à sa mère, à sa fiancée peut-être, qui, dans ce moment égrenaient probablement là-bas, à son intention, leur chapelet au coin du feu de la chaumière.

Comme son regard plongeait dans l’obscur fouillis des arbres, à cinquante pieds du fort, il lui sembla tout à coup voir comme une ondulation du sol, sur une étendue assez considérable de terrain. Ce mouvement uniforme et peu prononcé ressemblait à celui de la poitrine d’une personne qui dort. Le soldat se frotta les yeux pour mieux voir. Mais l’obscurité était si épaisse qu’il ne put distinguer autre chose.