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ils avaient appris que M. le major s’était rendu à la basse ville pour y recevoir le gouverneur. On avait tellement confiance en son courage et en son expérience, que la seule présence du comte au milieu d’eux rassurait les esprits les plus alarmés.

Louis de Buade, comte de Frontenac, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, et gouverneur de la Nouvelle-France, avait alors soixante-dix ans ; on ne lui en aurait pas donné soixante, tant il était vert, actif et vigoureux encore. Figure martiale, maintien plein de distinction et de grâce, extérieur à la fois digne, imposant et sévère, il était le vrai type de ces gentilshommes français, moitié soldats, moitiés courtisans, qui brillaient alors au premier rang, tant à la cour qu’à l’armée du grand roi.

Son œil noir étincelait sous un front haut à peine sillonné de rides légères, tandis que son nez en bec d’aigle et ses lèvres minces qui commençaient à fuir le menton un peu trop proéminent, donnaient à l’ensemble de sa physionomie un air spirituel, mais impératif.

Aussi n’aurez-vous nulle raison d’être