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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/183

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nous y refusâmes ; mais il nous fit promettre que la veille de cette fête nous serions de retour à Aix, pour voir le lendemain la procession du roi René.

Ce furent pour moi deux objets d’un intérêt très vif et d’une attention très avide que ces deux ports célèbres, celui de Marseille pour le commerce, celui de Toulon pour la guerre ; et, quoiqu’à Marseille, une ville neuve, très magnifiquement bâtie, fût digne de nous occuper, le peu de temps que nous y fûmes s’employa tout à visiter le port, ses défenses, ses magasins, et tous les grands objets de ce commerce que la guerre faisoit languir, mais qui redeviendroit florissant à la paix. À Toulon, le port fut de même l’unique objet de nos pensées. Nous y reconnûmes la main de Louis XIV dans ces établissemens superbes où étoit empreinte sa grandeur, et dans lesquels, soit pour la construction, soit pour l’armement des vaisseaux, tout rappeloit encore une puissance respectable.

Ici, ce qui sembloit devoir m’en imposer le plus fut ce qui m’étonna le moins. L’une de mes envies étoit de voir la pleine mer. Je la vis, mais tranquille ; et les tableaux de Vernet me l’avoient si fidèlement représentée que la réalité ne m’en causa aucune émotion ; mes yeux y étoient aussi accoutumés que si j’étois né sur ses bords.