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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/208

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pas d’être aimable, et se donnoit peu de soin pour cela ; mais Mme de Montullé avoit dans l’esprit et dans le caractère ce grain d’honnête coquetterie qui, mêlé avec la décence, donne aux agrémens d’une femme plus de vivacité, de brillant et d’attrait. Elle m’appeloit philosophe, bien persuadée que je ne l’étois guère ; et se jouer de ma philosophie étoit l’un de ses passe-temps. Je m’en apercevois ; mais je lui en laissois le plaisir.

Avec plus de cordialité, la bonne et toute simple Mme de Chalut m’attiroit à Saint-Cloud ; et, pour m’y retenir, elle avoit un charme irrésistible, celui d’une amitié qui, du fond de son cœur, versoit dans le mien, sans réserve, ce qu’elle avoit de plus caché, ses sentimens les plus intimes et ses intérêts les plus chers. Elle n’étoit pas nécessaire à mon bonheur, il faut que je l’avoue ; mais j’étois nécessaire au sien. Son âme avoit besoin de l’appui de la mienne ; elle s’y reposoit ; elle s’y soulageoit

    lement, secrétaire des commandements de la reine (charge achetée, dit le duc de Luynes, 140,000 livres à Rossignol, son prédécesseur), associé libre de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Montullé avait épousé la fille du fermier général Audry-Neveu. Exécuteur testamentaite du fameux amateur Jean de Jullienne, il lui avait consacré une notice dans le Nécrologe de 1767. Ses propres collections furent dispersées en 1783 sous les initiales M*** T***, et après sa mort (29 novembre 1787). Ses plus beaux dessins de l’École française provenaient de M. de Jullienne.