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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T2.djvu/271

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en cédant mes jetons aux académiciens assidus (ce qui, à l’égard des d’Olivet, étoit assurément une crainte bien mal fondée), et j’essuyois souvent de vives réprimandes sur ce qu’elle appeloit l’inconséquence de ma conduite. « Quoi de plus ridicule, en effet, disoit-elle, que d’avoir désiré d’être de l’Académie, et de ne pas y assister après y avoir été reçu ? » J’avois pour excuse l’exemple du plus grand nombre, encore moins assidu que moi ; mais elle prétendoit, avec raison, que j’étois de ceux dont les fonctions académiques exigeoient l’assiduité. Elle avoit bien aussi son petit intéŕêt personnel dans ses remontrances, car elle passoit les étés à Paris ; et, dans ce temps-là, elle ne vouloit point que sa société littéraire fût dispersée.

J’écoutois ses avis avec une modestie respectueuse, et, le lendemain, je m’échappois comme si elle ne m’avoit rien dit. Il étoit assez naturel que ses bontés pour moi en fussent refroidies, mais un dîner où j’étois aimable me réconcilioit avec elle ; et, dans les occasions sérieuses, elle se reprenoit d’affection pour moi. Je l’éprouvai dans deux maladies dont je fus attaqué chez elle. L’une avoit été cette même fièvre qui m’a repris cinq fois en ma vie, et qui finira par m’enlever : elle me vint dans le temps qu’on imprimoit ma Poétique. J’y voulois encore ajouter quelques articles ; et ce tra-