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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/182

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rale[1] ; la majeure partie en étoit saine en arrivant ; mais nous y vîmes fondre une nuée d’intrigans qui venoient souffler parmi nous l’air contagieux qu’ils avoient respiré aux conférences de Dupoṛt, l’un des factieux du Parlement.

Soit que Duport fût de bonne foi dans son dangereux fanatisme, soit qu’ayant mieux calculé que sa compagnie les hasards qu’elle alloit courir, il eût voulu se donner à lui-même une existence politique, on savoit que, chez lui, dès l’hiver précédent, il avoit ouvert comme une école de républicisme, où ses amis prenoient soin d’attirer les esprits les plus exaltés ou les plus disposés à l’être.

J’observai cette espèce d’hommes remuans et bruyans qui se disputoient la parole, impatiens de se produire, aspirant à se faire inscrire sur la liste des orateurs. Je ne fus pas longtemps à voir quelle seroit leur influence ; et, en élevant ma pensée d’un exemple particulier à une induction générale, je reconnus que c’étoit là, de même que dans toutes les communes, les organes de la faction,

  1. C’est dans cette assemblée que Marmontel eut le courage de voter seul contre la dénonciation de l’arrêt du Conseil qui supprimait le Journal des États généraux de Mirabeau. Le trait a été signalé par Bailly dans ses Mémoires et relevé par Sainte-Beuve.