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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/213

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titres de sa légation ? Chacun, après cet examen, n’eût-il pas été libre encore ? Les premiers ordres s’y refusèrent. Au lieu d’attendre le moment et l’occasion de prendre un poste ferme, ils crurent pouvoir pied à pied disputer le terrain ; et une mauvaise difficulté en débutant fut pour eux une fausse position où ils ne purent se soutenir.

Le motif de cette conduite étoit la connoissance que les deux premiers ordres avoient de leur députation.

Parmi les nobles, un assez grand nombre de têtes exaltées, les uns par un esprit de liberté, d’indépendance, les autres par des vues et des calculs d’ambition, penchoient vers le parti du peuple, où ils espéroient être honorés, distingués, élevés aux premiers emplois. Dans le clergé, un plus grand nombre encore, et, comme je l’ai dit, toute la foule des curés, tenoit au parti des communes par toutes sortes de liens. Le plus populaire des hommes, c’est un curé, s’il est homme de bien. Mais un sentiment moins louable, quoiqu’aussi naturel, étoit leur aversion d’abord pour les évêques, dont la sévérité leur étoit souvent importune, et puis pour cette classe mitoyenne d’abbés qui étoient l’objet de leur envie : classe inutile, disoient-ils, et la seule favorisée ; oisive, et fière encore de son oisiveté ; dédaigneuse du ministère, et insultant avec l’orgueil d’une fastueuse