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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/249

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LIVRE XVI


Le roi fit donc avancer des troupes ; mais, en prenant une résolution vigoureuse, il falloit en prévoir les suites, calculer pas à pas les forces et les résistances, les obstacles et les dangers, et, selon les événemens, déterminer d’avance sa marche et ses positions. On ne calcula rien, on ne pourvut à rien, on ne songea pas même à garantir les troupes de la corruption du peuple de Paris. On ne fit aucune disposition pour mettre le roi et sa famille à l’abri de l’insulte dans un cas de révolte ; et, dans les faubourgs de Paris, le seul poste imposant, la Bastille, ne fut pourvue ni de garnison suffisante, ni de vivres pour y nourrir le peu de soldats qu’il y avoit. Enfin, jusqu’à la subsistance des troupes que l’on assembloit fut négligée au point que leur pain n’étoit fait qu’avec des farines gâtées, tandis que les femmes du peu-