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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/250

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ple venoient leur en offrir d’excellent, avec du vin et des viandes en abondance, sans compter leurs autres moyens de débauche et de corruption.

À cette espèce d’étourdissement où étoient la cour et le conseil le parti contraire opposoit une conduite raisonnée, progressive et constante, s’acheminant de poste en poste vers la domination, sans jamais perdre un temps ni reculer d’un pas. Résolu donc à ne souffrir ni autour de Versailles, ni autour de Paris, aucun rassemblement, on délibéra une adresse au roi le 8 juillet (1789). Ce fut l’ouvrage de Mirabeau, le principal orateur des communes, homme doué par la nature de tous les talens d’un tribun ; bouillant de caractère, mais aussi souple dans sa conduite que fougueux dans ses passions ; habile à pressentir l’opinion dominante, et, pour paroître la conduire, diligent à la devancer ; lâche de cœur, mais fort de tête et intrépide d’impudence ; corrompu à l’excès et se vantant de l’être ; déshonoré dès sa jeunesse par les vices les plus honteux, mais n’attachant aucun prix à l’honneur ; calculant bien qu’un homme dangereux ne pouvoit être méprisé même en se rendant méprisable, et résolu à se passer de l’estime attachée aux mœurs, s’il obtenoit celle qu’arrachent de grands talens devenus redoutables.

Voici l’adresse qu’il proposa d’adresser au roi,