Aller au contenu

Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chef-d’œuvre d’éloquence artificieuse et perfide, et qui, applaudie comme elle devoit l’être, fut adoptée par acclamation (le 9 juillet).

« Sire, vous avez invité l’Assemblée nationale à vous témoigner sa confiance ; c’étoit aller au-devant du plus cher de ses vœux. Nous venons déposer dans le sein de Votre Majesté les plus vives alarmes. Si nous en étions l’objet, si nous avions la foiblesse de craindre pour nous-mêmes, votre bonté daigneroit encore nous rassurer ; et même, en nous blâmant d’avoir douté de vos intentions, vous accueilleriez nos inquiétudes, vous en dissiperiez la cause, vous ne laisseriez point d’incertitude sur la position de l’Assemblée nationale.

« Mais, Sire, nous n’implorons pas votre protection ce seroit offenser votre justice. Nous avons conçu des craintes, et, nous l’osons dire, elles tiennent au patriotisme le plus pur, à l’intérêt de nos commettans, à la tranquillité publique, au bonheur du monarque chéri qui, en nous aplanissant la route de la félicité, mérite bien d’y marcher lui-même sans obstacle. (Détestable hypocrite !)

« Les mouvemens de votre cœur, Sire, voilà le vrai salut des François. Lorsque des troupes s’avancent de toutes parts, que des camps se forment autour de nous, que la capitale est investie, nous