Aller au contenu

Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE XVIII





Dans l’Assemblée nationale, du côté des communes, il y avoit comme dans le peuple deux esprits et deux caractères l’un, modéré, foible et timide c’étoit celui du plus grand nombre ; l’autre, fougueux, outré, violent et hardi : c’étoit celui des factieux. On avoit vu d’abord celui-ci, pour ménager l’autre, n’annoncer que des vues raisonnables et pacifiques. On avoit entendu l’un de ses organes conjurer le clergé, au nom d’un Dieu de paix, de se réunir avec l’ordre où l’on méditoit sa ruine. Nous venons de voir Mirabeau, dans sa harangue au roi, affecter un respect et un zèle hypocrites ; mais, lorsque après s’être assuré de la résolution et du dévouement du bas peuple, de la mollesse, de la nonchalance, de la timidité, de la classe aisée et paisible, ce parti se vit en état de maîtriser l’opinion, il cessa de dissimuler.