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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/301

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Dès le lendemain du jour où le roi étoit allé de si bonne foi se livrer à l’Assemblée nationale, on entreprit de poser en principe qu’elle avoit droit de s’ingérer dans la formation du ministère ; et les deux orateurs qui sur ce point attaquèrent de front la prérogative royale furent Mirabeau et Barnave, l’un et l’autre doués d’une éloquence populaire : Mirabeau, avec plus de fougue et par élans passionnés, souvent aussi en fourbe et avec artifice ; Barnave, avec plus de franchise, plus de nerf et plus de vigueur. Tous les deux avoient appuyé l’avis d’ôter au roi le libre choix de ses ministres, droit que Tolendal et Mounier avoient fortement défendu en soutenant que, sans cette liberté dans le choix des objets de sa confiance, le roi ne seroit plus rien. Le décret résultant de cette discussion l’avoit laissée irrésolue ; mais la question, une fois engagée, n’en étoit pas moins le signal de la lutte des deux pouvoirs.

Pour ce combat, il falloit aux communes une force toujours active et menaçante. De là tous les obstacles qu’éprouva Tolendal dans sa motion du 20 juillet. C’est encore lui qu’il faut entendre. : « À partir du point où nous étions, il étoit évident, dit-il, qu’il n’y avoit plus à redouter pour la liberté que les projets des factieux ou les dangers de l’anarchie. L’Assemblée nationale n’avoit à se mettre en garde que contre l’excès même de sa