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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/51

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inexprimable. Les promenades dans la forêt, les rendez-vous de chasse, les courses de chevaux, les parties de plaisir à Thomery, où, à dîner, l’on, nous donnoit de somptueuses matelotes, et pour fruits d’excellens raisins ; tous les jours de spectacle, des places dans la loge de Mme d’Angiviller, dont la maison étoit la nôtre, et qui, à l’envi de son époux, mettoit une grâce touchante à nous attirer ; l’attention de la nombreuse et bonne compagnie qui sans cesse abondoit chez elle ; enfin tous les plaisirs que pouvoit réunir une cour jeune et magnifique, et tout ce qui personnellement pouvoit témoigner à ma femme qu’elle étoit estimée et chérie dans la société qui environnoit la cour : tout cela, dis-je, fit pour elle et pour moi, du séjour de Fontainebleau, un continuel énchantement.

Deux incidens nous y causèrent un peu d’inquiétude : le premier fut une apparence de rechute et quelque ressentiment de fièvre que j’éprouvai au commencement du voyage. Les médecins de la cour en auroient fait une maladie, si ma femme eût voulu les croire ; mais, sans aucun de leurs remèdes, et en me faisant déjeuner tous les jours avec un panier de beau raisin bien mûr, elle me rendit la santé. L’autre incident fut la petite vérole d’Albert, que nous avions amené avec nous ; mais, l’éruption ne s’étant déclarée qu’à la fin du