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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/61

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séances particulières, m’y donnoit quelque poids et assez de crédit. Le clergé me savoit bon gré des égards qu’on y avoit pour lui ; la haute noblesse n’étoit pas moins contente de ces respects d’usage qu’on lui rendoit à mon exemple ; et, à l’égard des gens de lettres, ils me savoient assez jaloux de l’égalité académique pour me laisser le soin d’en rappeler les droits, si quelqu’un les eût oubliés. Plusieurs même, persuadés que, dans nos élections, je ne cherchois que le mieux possible, me consultoient pour joindre leur suffrage à ma voix. Ainsi, sans brigue et sans intrigue, j’avois de l’influence, et j’en usai, comme il étoit juste, pour vaincre les obstacles que l’on s’efforçoit d’opposer à l’élection de l’un de mes amis.

L’abbé Maury, dans sa jeunesse, ayant prêché au Louvre, avec un grand succès, le panégyrique de saint Louis devant l’Académie françoise, et, depuis, celui de saint Augustin à l’assemblée du clergé de France, bientôt célèbre dans les chaires de Paris, et appelé à prêcher à Versailles l’Avent et le Carême devant le roi, avoit acquis des droits incontestables à l’Académie françoise, et il ne dissimula point que tel étoit l’objet de son ambition.

Ce fut alors que s’élevèrent contre lui les rumeurs de la calomnie ; et, comme c’étoit aux oreilles de l’Académie que ces bruits devoient par-