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Page:Marmontel - Mémoires de Marmontel - M. Tourneux, Lib. des biolio., 1891, T3.djvu/60

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En général, après des succès, on doit s’attendre à trouver le public plus difficile et plus sévère. C’est une réflexion que je ne faisois pas assez ; je devenois plus confiant quand j’aurois dû être plus timide, et au théâtre ma vanité en fut punie par des disgrâces.

On m’accordoit plus d’indulgence aux assemblées publiques de l’Académie françoise ; là je ne briguois point des applaudissemens ; je n’y parlois que pour remplir les simples fonctions de ma place, ou pour suppléer les absens. Si quelquefois j’y payois à mon tour le tribut de l’homme de lettres, c’étoit sans ostentation. Les morceaux de littérature que j’y lisois n’avoient rien de brillant, mais n’avoient rien d’ambitieux. C’étoit le fruit de mes études et de mes réflexions sur le goût, sur la langue, sur les caprices de l’usage, sur le style, sur l’éloquence, tous sujets convenables à l’esprit d’un auditoire académique et habitué parmi nous. Aussi cet auditoire étoit-il bénévole ; et je croyois m’y voir au milieu d’un cercle d’amis.

Cette faveur dont je jouissois dans nos assemblées publiques, jointe à l’exacte discipline que je faisois observer, sans aucune partialité, dans nos

    en novembre 1764 ; le Dormeur éveillé de Marmontel, musique de Piccini, y fut mieux accueilli le 14 novembre 1783, ainsi que, le 22 juin suivant, à la Comédie-Italienne.