Page:Marot - Les Œuvres, t. 3, éd. Guiffrey, 1881.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Là nous trouvons. Les unes sont Vacheres
En gros estat, et les aultres Porcheres :
Qui nous diront (s’il nous ennuye, ou fasche)
Quelque propos de leur pays de vache.
Lors ces propos, qui mes maulx point n’appaisent,
Me font penser aux vostres, qui me plaisent :
Disant en moy, doulce Vierge honnorée,
Ferons nous cy la longue demourée ?
Prendrons nous point bien tost le droict sentier
De Chasteaudun ? Là gist mon cueur entier :
Non pour le lieu, mais pour meilleure chose,
Qui au dedans de voz murs est enclose.
Ainsi me plainds : et si tost qu’on depart,
Il m’est advis, qu’on tire celle part.
Dont suis deceu : car (peult estre) ce jour
Prendrons d’assault quelcque rural sejour,
Où les plus grands logeront en Greniers
De toutes pars percez comme Paniers.
Encor posé que fussions arrestez
Dedans Paris, et tousjours bien traictez,
Si qu’à soubhait eussions plusieurs delices,
Comme en Chevaulx courir en pleines Lices,
Chasser aux Boys, voller aux grands Prairies,
Ouyr des Chiens les abboys, et brairies,
Et aultre maint beau passetemps honneste,
Si me vient il tousjours en cueur, ou teste
Ung grand regret de vous perdre de veue,
Et ung desir de prochaine reveue :
Car le plaisir, que je prends à vous veoir,
Passe tous ceulx que je pourrois avoir :
Et si n’estoit espoir de brief retour,
Ennuy pourroit me faire ung maulvais tour,