Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/420

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Puis qu’elle a doncq tant de joye eternelle,
Cessez mes Vers, cessez de vous douloir.
Mettez voz Montz, et Pins en nonchailloir,
Venez en France, ô Nymphes de Savoye,
Pour faire honneur à celle, qui valoir
Feit par son los son Pays, et sa voye.
Savoysienne estoit, bien le sçavoye,
Si faictes vous : venez doncques, affin
Qu’avant mourir vostre Œil par deçà voye,
Là où fut mise apres heureuse fin.
Portez au bras chascune plein coffin
D’herbes, et fleurs du lieu de sa naissance,
Pour les semer dessus son Marbre fin
Le mieulx pourveu, dont ayons congnoissance.
Portez Rameaulx parvenus à croissance,
Laurier, Lierre, et Lys blancs honnorez,
Rommarin vert, Roses en abondance,
Jaulne Soulcie, et Bassinetz dorez,
Passeveloux de Pourpre colorez,
Lavande franche, Œillet de couleur vive,
Aubepins blancs, Aubepins azurez,
Et toutes fleurs de grand beaulte nayve.
Chascune soit d’en porter ententive :
Puis sur la tombe en jectez bien espays,
Et n’oubliez force branches d’Olive :
Car elle estoit la Bergere de Paix.
Laquelle sceut dresser accords parfaictz
Entre Bergiers, alors que par le Monde
Taschoient l’ung l’aultre à se rendre desfaictz
A coups de Goy, de Holette, et de Fonde.
Vien le dieu Pan, vien plustost que l’Aronde,
Pars de tes Parcs, d’Archadie desplace,
Cesse à chanter de Syringue la blonde,