Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/111

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Vien, Prince, Vien : la Fille au Roy de France
Veult estre tienne, et ton Amour poursuyt :
Pour toy s’est mise en Royalle ordonnance,
Au Temple va, grand Noblesse la suyt :
Maint Dyamant sur la teste reluit
De la Brunette : et ainsi atournée
Son tainct pour vray semble une clere Nuict,
Quand elle est bien d’Estoilles couronnée
Brunette elle est : mais pourtant elle est belle,
Et te peult suivre en tous lieux, où iras,
En chaste Amour. Danger fier, et rebelle
N’y a que voir. D’elle tu jouyras :
Mais s’il te plaist, demain tu nous diras,
Lequel des deux t’a le plus grief esté
Ou la longueur du Jour, que desiras,
Ou de la Nuict la grand briefveté.
La Fille du plus grand Roy du Monde
Elle est à toy L’Eternel tout puissant,
Avant le Ciel, avant la Terre, et l’Onde,
Te destina d’elle estre jouissant,
Affin que d’elle, et de toy soit yssant
Immortel nœud d’amytié indicible
Entre le Sceptre Escossois florissant,
Et le Françoys par aultres invincible.
Fille de Roy mes propos adresser
A toy je veulx : escoute moy donc ores.
Je t’adverty, qu’il te convient laisser
Freres, et Sœur, Pere, et Pays encores
Pour suivre cil, que celluy Dieu, qu’adores,
Par sa Parolle a joinct avecques toy,
Te commandant, que l’aymes, et l’honores
Tu le sçay bien, mais je le ramentoy
Or suy le donc : jà te sont preparez
Cent mil honneurs là, où fault que tu voises
D’Escosse sont tous ennuys separez,