Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/16

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Tu sçais assez, que le sort malheureux
Tumba du tout sur nostre Nation :
Ne sçay si c’est par destination,
Mais tant y a, que je croy que Fortune
Desiroit fort de nous estre importune.
Là fut percé tout oultre rudement
Le bras de cil, qui t’ayme loyaulment :
Non pas le bras, dont il a de coustume
De manyer ou la Lance, ou la Plume :
Amour encor le te garde, et reserve,
Et par escriptz veult que de loing te serve.
Finalement avecq le Roy mon maistre
Delà les Monts Prisonnier se veit estre
Mon triste corps navré en grand souffrance :
Quant est du cueur, long temps y a qu’en France
Ton Prisonnier il est sans mesprison.
Or est le corps sorty hors de Prison :
Mais quant au cueur, puis que tu es la Garde
De sa Prison, d’en sortir il n’a garde :
Car tel Prison luy semble plus heureuse,
Que celle au corps ne sembla rigoreuse :
Et trop plus ayme estre serf en tes mains,
Qu’en liberté parmy tous les humains.
Aussi fur prins maint Roy, maint Duc, et Conte