Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/46

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Certes plustost tu en auroys louange,
Et diroit l’on, puis que cestuy se renge
A ceste Dame, elle a beaucoup de grâces :
Car long temps a, qu’il suyt en toutes places
Le train d’Amour : celle qui l’a donc pris,
Fault qu’elle soit de grand estime ; et pris.
Ilz diront vray. Que ne faisons nous doncques
De deux cueurs ung ? Brief, nous ne fismes oncq
Œuvre si bon. Noz constellations,
Aussi l’accord de noz conditions
Le veult et dit : Chascun de nous ensemble,
En mainte chose (en effect) se resemble.
Tous deux aymons gens pleins d’honnesteté,
Tous deux aymons honneur, et netteté,
Tous deux aymons à d’aulcun ne mesdire,
Tous deux aymons ung meilleur propos dire,
Tous deux aymons à nous trouver en lieux,
Où ne sont point gens melancolieux,
Tous deux aymons la musique chanter,
Tous deux aymons les livres frequenter :
Que diray plus ? Ce mot là dire j’ose,
Et le diray, que presque en toute chose
Nous ressemblons, fors, que j’ay plus d’esmoy,
Et que tu as le cueur plus dur que moy :
Plus dur (helas) plaise toy l’amollir
Sans ton premier bon propos abolir,
Et en voulant en toymesmes penser
Qu’Amour se doibt d’amour recompenser.
Las vueilles moy nommer doresnavant