Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/53

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Et conduyrois, en lieu de grands Armées,
Brebis aux Champs costoyez de ramées.
Lors la verroys seant sur la Verdure,
Et luy diroys la peine que j’endure
Pour mon amour, et elle orroyt ma plaincte
Tout à loisyr, sans de nul avoir craincte :
Car loing seroient ceulx, qui de nuyct la gardent,
Et les cent yeux, qui de jour la regardent,
Ne la verroient. Le faulx traistre Danger
Vers elle aux Champs ne se viendroit renger.
Tousjours se tient en ces maisons Royalles,
Pour faire guerre aux personnes loyalles.
Ainsi estant en liberté champestre
La requerroys d’ung baiser. Et peult estre
Me donneroit, pour du tout m’appaiser,
Quelcque aultre don par dessus ung baiser :
Si me vauldroit l’estat de Bergerie,
Plus que ma grande, et noble Seigneurie.
O vous Amans, qui aymez en lieu bas,
Vous avez bien en Amours voz esbas.
Si n’ay je pas envie à vostre bien :
Mais en Amours avoir je vouldroys bien
La liberté à la vostre semblable.
Qu’en dictes vous ma Maistresse honnorable ?
Ces miens soubhaictz vous desplaisent ilz point ?
Je vous supply ne les prendre qu’à point,
Recongnoissant, que l’amour que vous porte,
Faict que mon cueur en desirs se transporte.
Et pour fermer ma complaincte accomplie,
Treshumblement vostre grâce supplie,