Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/55

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La maulvaise Herbe il fault qu’elle perisse,
Et la Brebis mal saine fault qu’elle ysse
Hors des trouppeaux.
Jectez donc hors de l’amoureux service
Ce mesdisant, qu’il n’appreigne son vice
A voz feaulx.
Certes on voit aux Champs les Pastoureaux
Leur foy garder mieulx que leurs gros Taureaux
Sans nul mal dire.
Mais en Palais, grands Villes, et Chasteaux
Foy n’y est rien, langues y sont cousteaux
Par trop mesdire.
Las qu’ay je dit ? Pardonnez à mon ire,
Tous ne sont telz : j’en ay bien sceu eslire
Ung tresloyal :
A qui mon cueur se lamente, et souspire,
Des maulx que j’ay par l’aultre, qui est pire,
Que desloyal.
A l’un (pour vray) l’aultre n’est pas esgal :
L’un est bon fruict, et l’aultre Reagal,
Poison mortelle.
L’un est d’esprit, l’aultre est gros animal :
L’un parle en bien, l’aultre tousjours dit mal :
Sa langue est telle.
De l’ung reçoy tourment dur, et rebelle :
De l’aultre j’ay consolation belle,
Dieu sçait combien.
Brief, amytié n’a point peine eternelle :
Apres le mal j’ay rencontré en elle
Singulier bien.