Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/56

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O toy mon Cueur bien heureux je te tien,
D’avoir trouvé ung tel Serviteur tien,
Qui te conforte.
Et à bon droict je me complain tresbien,
Que je ne l’ay plus tost retenu mien,
Congneu sa sorte.
Las de mon cueur luy ay fermé la porte,
Pour à celluy, qui mal de moy rapporte,
Mon cueur unir.
Grand mal je fey, aussi peine j’en porte :
Et croy, que Dieu me l’envoye ainsi forte,
Pour m’en punir.
Par ses faulx tours me suis veu advenir
Ung grand vouloir de ne me souvenir
D’homme, qui vive.
Mais pour les faulx les bons me fault bannir :
Et puis d’aymer on ne se peult tenir,
Quoy qu’on estrive.
Tel veult fuyr, qui plus pres en arrive :
Si loue Amour, qui plus qu’à femme vive,
Ma faict cest heur
De me monstrer la malice excessive,
D’ung faulx Amant, et la bonté nayve
D’ung Serviteur.

XIX

Tant est mon cueur au vostre uny, et joinct,
Qu’impossible est, que l’ennuy, qui vous poinct,
Ne sente au vif : mais si vostre constance