Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/60

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Est le Phenix des hommes insensez.
Las je me plains, non point comme Dido
Frappée au cueur du dard de Cupido :
Jà ne m’orriez alleguer en mes plainctes
Le mien Amant, comme Sapho, et maintes :
Mais mon Mary, dont plus mon cueur se deult :
Car les Amans abandonner on peult,
Et les Marys c’est force qu’ilz demeurent
(Bons, ou maulvais) jusques à ce qu’ilz meurent.
Non que par moy luy soit mort desirée,
Plustost vouldroys sa pensée inspirée
A me traicter ainsi qu’il est licite,
Ou comme il doibt, ou comme je merite :
Veu que mon cueur l’ayme, l’honnore, et sert,
Comme il convient, et non comme il dessert.
Pas ne dessert avoir à sa commande
Ceste en bon point, et ceste beaulté grande,
Que m’a donné Nature à plein desir :
Pas ne merite au chaste Lict gesir
De celle là, qui tant luy est feable.
Il ne fault pas qu’un œil tant agreable
Luy soit riant, ne que bouche tant belle