Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que impossible est de non tristesse avoir,
Veu que tous ceulx qui le plus fort s’apuyent
Sur leurs plaisirs, de leurs plaisirs s’ennuyent,
Et deviendroit fascheuse leur liesse,
Si quelcquefois n’entrevenoit tristesse :
Laquelle en fin se perd avec le temps,
Dont en apres sont plus gays, et contens.
Or si ce dueil n’abbatez par vertu,
Si sera il par le temps abbatu :
Mais la vertu de vous croire me faict
Que jà le temps n’aura l’honneur du faict.
Le temps est bon pour les douleurs deffaire
De ceulx, qui n’ont confiance pour ce faire :
Mais vous Amye avez en corps de Dame
Ung cueur viril pour vous oster de l’âme
Vostre douleur mieulx qu’autre creature,
Ne que le temps, ne que mon escripture.

XX

En est il une en ceste Terre basse,
Qui en tourment de tristesse me passe,
Ou qui en soit autant comme moy pleine ?
Faire se peult : mais je croy, qu’à grand peine
Se trouvera femme en lieu, raison, ] [saison, ]
Qui de se plaindre ayt si grande raison.
Dessoubz la grande lumiere du Soleil
Ne trouve point le Phenix son pareil :
Et aussi peu je trouve ma pareille
En juste dueil, qui la mort m’appareille.
Le Phenix suis des Dames langoreuses
A trop grand tort, voyre des malheureuses :
Et cil, qui m’a tous ces maulx avancez