Aller au contenu

Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour Salut humble, et pour vous advertir
Qu’il m’est besoin d’aupres de vous partir ;
Mais je ne puis bien vous rendre advertie,
Combien de dueil j’ay de la departie :
Parquoy vault mieulx à voz pensées remettre
Ce que n’en puis par escripture mettre :
Ce neanmoins, puis qu’à l’heure presente
Ancre, et Papier devant moy se presente,
Compter vous vueil ung debat, qui m’esveille.
Toutes les fois, que je dors, ou sommeille.
Dire me vient (d’une part) mon Devoir,
Qu’il m’est besoing, pour long temps ne vous veoir,
Me remonstrant, que j’ay certain affaire,
Que trop je laisse à poursuivre, et à faire,
Et que pour tost chose pressée ouvrer,
Laisser on doibt, ce qu’on peult recouvrer.
De l’autre part, Desir vient contredire
A mon Devoir, et luy vient ainsi dire.
Fascheux Devoir, veulx tu qu’un Serviteur
Qui quant à l’Œil jamais ne se veit heur
Tel qu’à présent, ores il abandonne
Ce bien exquis, que vraye Amour luy donne ?
Laissera il celle, qui est pourveue
De tant de dons ? laissera il la veue
De ce regard de doulceur accomply
Soubz le hazard d’estre mis en oubly ?
Ainsi Desir, et mon Debvoir me preschent :
Vous advisant, que tous deux tant m’empeschent,
Que je ne sçay auquel j’obeiray :
Parquoy Maistresse icy vous suppliray,
De m’advertir, qu’il convient que je fasse.
Mon Devoir veult, qu’eslongne vostre face,
Desir me veult pres de vous retenir,