Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/72

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Mais à nul d’eux je ne me veulx tenir,
Et n’en feray fors cela seulement,
Qu’ordonnera vostre commandement,
Qui dessus moy aultant a de puissance
Que Serviteurs doibvent d’obeissance.

XXVI

A une qui refusa un present

Quand je vous dy (sans penser mal affaire)
J’ay, chere Sœur, ung present à vous faire,
Le prendrez vous ? des que m’eustes ouy,
Dit ne me fut le contraire d’ouy :
Parquoy, ma Sœur, si en vous l’envoyant
Y a forfaict, chascun sera croyant,
Que non de moy, mais de vous vient l’offense :
Et pour renfort de ma juste deffense,
Sans me vanter (ce mot bien dire j’ose)
Qu’en mainct bon lieu j’ay donné maincte chose,
Que l’on prenoit, sans penser le Donneur
Pretendre rien du Prenant, que l’honneur.
Que n’avez vous de moy ainsi pensé ?
Jamais me suis je en termes avancé
Aupres de vous, qu’honneur, et Dieu ensemble
N’y feussent mis : quelcque fois, ce me semble,
Je vous ay dit (si bien vous en souvient)
Treschere Sœur, si service vous vient
De mon costé, je vous supply n’entendre,
Que je vous vueille obliger le me rendre.
Brief, mes propos tenuz d’affection
Seront tesmoingz de mon intention,
Vous asseurant que l’estime immuable
Que j’ay de vous, est si grande, et louable,
Que rien par vous n’y peult estre augmenté,
En refusant ung offre presenté.
Il n’est pas dit (certes) que tous Donneurs
Voysent cherchant (par tout) les deshonneurs :
Et n’est pas dit, que les Dames, qui prenent,
Font toutes mal, et qu’en prenant mesprenent :