Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/73

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Ce non obstant, prendre n’exaulceray
En mon escript, et si confesseray,
Que bien souvent, quand à femme l’on donne,
Le reffuser, est chose honneste, et bonne :
Mais bien souvent (à vous dire verité)
Il peult tourner en incivilité.
Je sçay assez, que de rien n’avez faulte :
Je sçay, combien de Cueur vous estes haulte :
Ce neantmoins (pour nourrir amytié)
N’est mal seant, s’abesser de moytié.
Quand tout est dit, necte sens ma pensée,
D’avoir faict cas, où soyez offensée :
Plustost devrois me sentir offensé
Du mal, qu’avez (peult estre) en moy pensé :
Veu que l’offrir dont j’ay voulu user,
En cas d’honneur vault bien le reffuser.
Et croy de faict, que si ce n’eust esté
La Foy que j’ay de vostre honnesteté,
J’eusse pensé proceder mon default
De n’avoir faict mon present assez hault :
Mais Dieu me gard d’estre si transgresseur
De l’amytié d’une si bonne Sœur,
Qui congnoistra que Frere ne se treuve
Plus vray que moy, me mettant à l’espreuve.