Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/149

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Et s'appeloit Bon Espoir par son nom:

Lequel voyant ceste femme tremblante

Aultre que humaine (à la veoir) ressemblante

Vouloir ainsi mon malheur pourchasser,

Fort rudement s'efforce à la chasser;

En me incitant d'avoir hardy courage

De besongner, et faire à ce coup rage.

Puis folle Crainte amye de Soucy

Irrita fort, en s'escriant ainsi.

Bon Espoir parlant en forme de Ballade

Va t'en ailleurs, faulce Vieille dolente,

Grande ennemie à fortune, et bon heur,

Sans forvoyer par ta parolle lente

Ce pauvre humain hors la voye d'honneur:

Et toy Amy, croy moy, car guerdonneur

Je te feray, si craintif ne te sens:

Croy donc Mercure, emploie tes cinq sens,

Cueur, esprit, et fantasie toute

A composer nouveaulx motz, et recens,

En deschassant crainte, soucy, et doubte.

Car celle là, vers qui tu as entente

De t'adresser, est pleine de liqueur

D'humilité, ceste vertu patente,

De qui jamais vice ne fut vainqueur.

Et oultre plus, c'est la Dame de cueur

Mieulx excusant les esperitz, et sens

Des Escrivains, tant soient ilz innocens,

Et qui plus tost leurs miseres desboute.