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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/150

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Si te supply, à mon vueil condescens,

En deschassant crainte, soucy, et doubte.

Est il possible, en vertu excellente

Qu'un corps tout seul puisse estre possesseur

De trois beaulx dons, de Juno l'opulente,

Pallas, Venus? ouy: car je suis seur

Qu'elle a prudence, avoir, beaulté, doulceur,

Et des Vertus encor plus de cinq cens.

Parquoy amy, si tes dictz sont decens,

Tu congnoistras (et de ce ne te doubte)

A quel honneur viennent Adolescens

En deschassant crainte, soucy, et doubte.

Envoy

Homme craintif, tenant rentes, et cens

Des Muses, croy, si jamais tu descends

[Au lac de paour,] qui hors d'espoir te boute,

[Au val de paour]

Mal t'en yra: pource à moy te consens

En deschassant crainte, soucy, et doubte.

Le despourveu

En ce propos grandement travaillay

Jusques à temps qu'en sursault m'esveillay

Ung peu devant, qu'Aurora la fourriere

Du cler Phebus commençast mettre arriere

L'obscurité nocture sans sejour,

Pour esclaircir la belle Aulbe du jour.

Si me souvint tout à coup de mon songe,

Dont la pluspart n'est fable, ne mensonge,

A tout le moins, pas ne fut men