Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/165

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Et pource donc reculle toy arriere.

Lors Desespoir s'en va seignant du nez,

Mais ce n'est rien, si vous ne l'eschinez:

Car aultrement jamais ne cessera

De tormenter le bourgeon, qui sera

Tousjours bourgeon, sans Raisin devenir,

Sil ne vous plaist de luy vous souvenir.


IX

Epistre faicte pour le Capitaine Raisin,

audict Seigneur de la Rocque

En mon vivant je ne te feiz sçavoir

Chose de moy, dont tu deusses avoir

Ennuy, ou dueil: mais pour l'heure presente,

Trescher Seigneur, il fault que ton cueur sente

Par amytié, et par ceste escripture

Ung peu d'ennuy de ma male adventure.

Et m'attens bien, qu'en maint lieu, où iras,

A mes amys ceste Epistre lyras.

Je ne veulx pas aussi que tu leur celles:

Mais leur diras, Amys, j'ay des nouvelles

D'un malheureux, que Venus la deesse

A forbanny de soulas, et liesse.

Tu diras vray, car maulx me sont venus

Par le vouloir de impudique Venus,

Laquelle feit tant par Mer que par Terre

Sonner ung jour contre femmes la Guerre:

Où trop tost s'est maint Chevalier trouvé

Et maint grand homme à son dam esprouvé,

Maint bon Courtault y fut mis hors d'alaine,

Et maint mouton y laissa de sa laine.

Brief, nul ne peult (