Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C'est en vous seule, ou gist toute beaulté

Trop plus qu'en aultre.


LVI

A la fille d'ung Painctre d'Orleans, belle entre les autres

Au temps passé Apelles Painctre sage

Feit seullement de Venus le visage

Par fiction: mais (pour plus hault attaindre)

Ton Pere a faict de Venus (sans rien faindre)

Entierement la face, et le corsage.

Car il et Painctre, et tu es son ouvrage

Mieulx ressemblant Venus de forme, et d'aage,

Que le Tableau, qu'Apelle voulut paindre

Au temps passé.

Vray est qu'il feit si belle son ymage,

Qu'elle eschauffoit en Amour maint courage;

Mais celle là que ton Pere a sceu taindre,

Y mect le feu, et a dequoy l'estaindre:

L'aultre n'eut pas ung si gros advantage

Au temps passé.


LVII

Du baiser de s'Amye

En la baisant m'a dit, Amy sans blasme

Ce seul baiser, qui deux bouches enbasme,

Les arres sont du bien tant esperé:

Ce mot elle a doulcement proferé

Pensant du tout appaiser ma grand flamme.

Mais le mien cueur adonc plus elle enflamme,

Car son alaine odorant plus que basme

Souffloit le feu qu'Amour m'a preparé

En la baisant.