Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/49

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Là où ces deux cheminoient voulentiers:
Parquoy concludz, en aultre part tirer,
Et de la nef soubdain me retirer
Pour rencontrer la Dame tant illustre,
Celle de qui jadis le trescler lustre
Souloit chasser toute obscure souffrance
Faisant regner Paix divine soubz France:
Celle pour vray (sans le blasme d'aulcun)
Qui de deux cueurs maintesfois ne faict qu'un:
Celle par qui Christ, qui souffrit moleste,
Laissa jadis le hault throsne celeste,
Et habita ceste basse vallée,
Pour retirer nature maculée
De la prison infernale et obscure.
   A poursuyvir soubz espoir je prins cure
Jusques au cueur du Temple me transporte:
Mon oeil s'espart au travers de la porte
Faicte de fleurs, et d'arbrisseaulx tous vers:
Mais à grant peine euz je veu à travers,
Que hors de moy cheurent plainctes, et pleurs,
Comme en yver seiches fueilles et fleurs.
   Tristesse, et dueil de moy furent absens,
Mon cueur garny de liesse je sens,
Car en ce lieu ung grand Prince je veiz,
Et une Dame excellente de vis:
Lesquelz portant escuz de fleurs Royalles,
Qu'on nomme Lys, et D'hermines ducales,
Vivoient en paix dessoubz ceste ramée,