Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/48

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Que Cupido l'Enfant audacieux
Tendit son arc, encochea sa sagette,
Les yeulx bandez, dessus son cueur la gette
Si rudement, voire de façon telle
Qu'il y créa une plaie mortelle.
Et lors Amour le juchea sur sa perche,
Je ne dis pas celle que tant je cherche,
Mais une Amour venerique, et ardante;
Le bon renom des humains retardante,
Et dont par tout le mal estimé fruict
Plus que de l'aultre en cestuy monde bruyt.
   Un'aultre Amour fut de moy apperceue,
Et croy que fut au temps jadis conceue
Par Boreas courant, et variable:
Car oncques chose on ne vit si muable,
Ne tant legiere en courtz, et autres partz
Le sien povoir par la terre est espars,
Chascun la veult, l'entretient et souhaitte,
A la suyvir tout homme se dehaitte.
Que diray plus? Certes ung tel aymer
C'est Dedalus, voletant sur la mer:
Mais tant a bruyt, qu'elle va ternissant
De Fermeté, le nom resplendissant.
   Par telle façon au milieu de ma voye.
Assez, et trop ces deux amours trouvoye:
Mais l'une fut lubrique et estrangiere
Trop à mon vueil: et l'autre si legiere
Qu'au grant besoing on la treuve ennemye.
Lors bien pensay, que ma loyalle amye
Ne cheminoit jamais par les sentiers