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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/502

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Las or est il à sa derniere dance.
              A la Mort
Las or est il à sa derniere dance,
Où toy la Mort luy as faict sans soulas
Faire faulx pas, et mortelle cadance
Soubz dur Rebec sonnant le grant helas.
Quant est du corps, vray est que meurdry l'as,
Mais de son bruit, où jamais n'eut frivole,
Maulgré ton dard, par tout le Monde il volle,
Tousjours croissant, comme Lys qui fleuronne.
Touchant son Ame, immortelle couronne
Luy a donné celluy pour qui mourut:
Mais quelcque bien encor que Dieu luy donne,
Je suis contrainct par Amour, qui l'ordonne,
Le regretter, et mauldire Baruth.
              A Fortune
Fortune helas muable, et desreiglée,
Qui du palud de Malheur viens, et sors,
Bien as monstré que tu es avveuglée,
D'avoir getté sur luy tes rudes sortz:
Car si tes yeux de inimité consors
Eusses ouvers, pour bien appercevoir
Les grands vertus, qu'on luy a veu avoir,
Pitié t'eust meue à le retenir seur:
Mais tu ne veulx de toymesme rien veoir,
Pour aux humains faire mieulx assavoir,
Que plus te plaist cruaulté, que doulceur.
            Marot conclud
La Terre dit, qu'à bon droit peut reprendre