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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/541

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De peur du cry le gosier il luy couppe:
Ainsi quand suis au remors de ma coulpe,
Le faulx Sathan faict mon parler refraindre,
Affin qu'a toy je ne me puisse plaindre,
Affin, mon Dieu, qu'à mes maulx, et perilz
N'invoque toy, ne tes sainctz Esperitz,
Et que ma langue à mal dire apprestée,
Laquelle m'as pour confesser prestée,
Taise du tout mon mesfaict inhumain,
Disant tousjours, attendz jusque à demain.
Ainsi sans cesse, à mal va incitant
Par nouveaux artz mon cueur peu resistant.
   O mon Saulveur, trop ma veue est troublée,
Et de te veoir j'ay pitié redoublée,
Rememorant celle benignité,
Qui te feit prendre habit d'humanité:
Voyant aussi de mon temps la grand perte,
Ma conscience a sa puissance ouverte
Pour stimuler, et poindre ma pensée,
De ce que j'ay ta haultesse offensée,
Et dont par trop en paresse te sers,
Mal recordant, que t'amour ne dessers,
Trop mal piteux, quand voy souffrir mon proche,
Et à gemir plus dur que fer, ne roche.
   Donc ô seul Dieu, qui tous nos biens accroys,
Descends (helas) de ceste haulte croix
Jusques au bas de ce tien sacré Temple,
A celle fin que mieulx je te contemple.
   Pas n'est si longue icelle voye, comme