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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/542

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Quand descendis du Ciel pour te faire homme:
Si te supply de me prester la grâce,
Que tes genoulx d'affection j'embrasse,
Et que je soys de baiser advoué
Ce divin pied, qui sur l'aultre est cloué.
   En plus hault lieu te toucher ne m'incline,
Car du plus bas je me sens trop indigne.
Mais si par foy suis digne que me voyes,
Et qu'à mon cas par ta bonté pourvoies,
Sans me chasser comme non legitime,
De si hault bien trop heureux je m'estime:
Et s'ainsi est, que pour soy arroser
De larmes d'oeil, on te puisse appaiser,
Je vueil qu'en pleurs tout fundant on me treuve:
Soit le mien chief desmaintenant ung fleuve:
Soyent mes deux bras ruisseaux, où eau s'espande:
Et ma poictrine, une Mer haulte, et grande:
Mes jambes soient torrent, qui coure royde:
Et mes deux yeulx, deux fontaines d'eau froide,
Pour mieulx laver la coulpe de moymesmes.
   Et si de pleurs, et de sanglotz extrêmes,
Cure tu n'as, desirant qu'on te serve
A genoulx secz, dès ors je me reserve,
Et suis tout prest, pour plus briefve responce,
D'estre plus sec que la pierre de ponce.
   Et d'autre part, si humbles oraisons
Tu aymes mieulx, las par vives raisons
Fais que ma voix soit plus repercussive,
Que celle là d'Echo, qui semble vive