Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/545

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   Tu nous a faict les nuictz longues, et grandes,
Et toutesfois à veiller nous commandes.
Tu ne veulx pas que negligence on hante,
Et si as faict mainte chose attraiante
Le cueur des gens à oysive paresse.
   Las qu'ay je dit? quelle fureur me presse?
Perds je le sens? helas mon Dieu reffrain
Par ta bonté de ma bouche le frain:
Le desvoié vueilles remettre en voye,
Et mon injure au loing de moy envoye:
Car tant sont vains mes arguments obliques,
Qu'il ne leur fault responses, ne repliques.
   Tu veulx, que aulcuns en pauvreté mandient,
Mais c'est affin, qu'en s'excusant ne dient,
Que la richesse à mal les a induictz,
Et à plusieurs les grands tresors produictz,
A celle fin que de dire n'aient garde,
Que pauvreté de bien faire les garde.
   Tel est ton droict, voire et si croy que pour ce
Tu feis Judas gouverneur de ta bourse:
Et au regard du faulx Riche inhumain,
Les biens livras en son ingrate main,
A celle fin qu'il n'eust faulte de rien,
Quand il vouldroit user de mal, ou bien.
   Mais (ô Jesus). Roy doulx, et amyable,
Dieu tresclement, et juge pitoiable,
Fais qu'en mes ans ta haultesse me donne,
Pour te servir, saine pensée, et bonne,
Ne faire rien, qu'à ton honneur, et gloire,