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Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/544

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Trop plus grande est, que mon iniquité.
   Tu sçavoys bien, que pecher je debvoie:
M'as tu donc faict, pour d'Enfer tenir voye?
Non, mais affin qu'on congneust au remede,
Que ta pieté toute rigueur excede.
   Veux tu souffrir, qu'en ma pensée ague,
De droit, et loix encontre toy argue?
   Qui d'aulcun mal donne l'occasion,
Luy mesmes faict mal, et abusion.
   Ce nonobstant, tu as créé les femmes,
Et nous deffends d'Amours suivre les flammes,
Si l'on ne prend marital Sacrement,
Avec l'amour d'une tant seulement:
Certes plus doulx tu es aux bestes toutes,
Quand soubz telz loix ne les contrains, et boutes.
   Pourquoy as tu produict pour vieil, et jeune
Tant de grans biens, puis que tu veulx qu'on jeusne?
Et dequoy sert pain, et vin, et fruictage,
Si tu ne veulx qu'on en use en tout aage?
   Veu que tu fais Terre fertile, et grasse,
Certainement tel grâce n'est point grâce:
Ne celluy don n'est don d'aulcune chose,
Mais plustost dam (si ce mot dire j'ose):
Et ressemblons parmy les biens du Monde
A Tantalus, qui meurt de soif en l'onde.
   Et d'aultre part, si aulcun est venuste,
Prudent, et beau, gorgias et robuste
Plus que nul aultre, est ce pas bien raison,
Qu'il en soit fier, puis qu'il a la choison?