Page:Marquis de Lassay, Maurice Lange - Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay, Sansot 1912.djvu/27

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employa[1]. Ce fut pis encore quand une belle-mère vint s’en mêler et que l’astucieuse fille de Bussy-Rabutin, devenue marquise de Montataire par le second mariage du marquis, en 1682, s’avisa d’enrichir ses propres enfants des dépouilles de son beau-fils. Ne fut-elle pas assez habile pour faire entrer dans ses intérêts la fille que Lassay avait eue de Marie-Marthe Sibourg, sa première femme [2]? Bref, de 1676 à 1698 date à laquelle une transaction mit enfin un terme à ces différends — Lassay ne cessa guère de se débattre au milieu d’une meute d’appétits déchaînés. Encore n’avons-nous rien dit des savantes manœuvres par lesquelles, dans l’intervalle, Madame de La Fayette aurait tenté d’assurer le mariage de son fils avec Mlle de Lassay, — un parti si avantageux[3]

Est-il donc surprenant qu’instruit par une précoce expérience des contrariétés de toutes sortes qui s’attachent à la richesse, indigné d’ailleurs de ce que, « né sans humeur, avec des mœurs douces et un cœur fait pour aimer » il ne trouvait dans sa famille « ni confiance ni amitié [4]», — est-il surprenant que Lassay se soit abandonné sans réserve à cet

  1. Recueil, IV, p. 281-360.
  2. Ibid. II, p. 190 ; cf. p. 217-235.
  3. Ibid. I, p. 311 sq. (Lettre de Lassay à Madame de Maintenon pour obtenir du roi la révocation d’une lettre de cachet demandée à Louvois par Mme de La Fayette et défendant à l’abbesse du Chasse-Midi de laisser sortir de son monastère la damoiselle de Lassay sans ordre du roi. Obligé de me borner, je renvoie le lecteur à cette longue lettre, qui nous représente Mme de La Fayette, — le « brouillard » — sous l’aspect fort peu nébuleux d’une mère de famille avisée, experte à faire jouer les ressorts d’une intrigue quand son intérêt est en jeu. « Dieu délivre tout homme de bien d’une telle personne ! » conclut Lassay ; « heureux qui n’en est pas connu ! »)
  4. Ibid., IV, p. 320. — Voir infra, p. 230.