Page:Marquis de Lassay, Maurice Lange - Lettres amoureuses et pensées diverses du marquis de Lassay, Sansot 1912.djvu/32

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s’abandonnaient au charme de mystérieux rendez-vous, des regards soupçonneux, dans l’ombre, les épiaient, des oreilles méchamment tendues recueillaient leurs tendres propos. Et comme, pour dérouter les soupçons, Lassay était parti pour Venise, il y reçut une lettre désespérée : on avait découvert leur correspondance ; pour leur sûreté à tous deux il fallait éviter de se revoir jamais[1]. Il obéit, et fit bien ; mais en éveillant les soupçons de l’électeur de Hanovre sur la vertu de Sophie Dorothée, il avait contribué à resserrer autour d’elle une surveillance qui devait avoir de terribles suites[2].



L’année 1687 retrouve Lassay à Paris, protégé par Mme de Maintenon, qui se rappelle l’avoir vu enfant dans le logis de Scarron (M. de Montataire y fréquentait) et qui adoucit en sa faveur la rancune de Louis XIV. Aide de camp du roi pen-

  1. Voir infra, p. 63 sq., les lettres de Lassay ; cf. les Lettres de Madame, éd. Brunet, II, p. 317. Madame juge sévèrement Sophie Dorothée, élevée, dit-elle, pour la coquetterie et la galanterie. Elle ajoute : « Qui se laisse embrasser et caresser fait bien tout le reste aussi ». (I, p. 297).
  2. Après une nouvelle intrigue avec le comte de Kœnigsmarck. Celui-ci, tué au moment où il sortait de chez elle, fut jeté dans la chaux vive ; elle fut et resta enfermée jusqu’à sa mort (1694-1726) dans le château d’Ahlden (Brunswick). Voir ses Mémoires (trad. en 2 vol. in-8, Londres 1845) ; Blaze de Bury : Épisode de l’histoire du Hanovre : les Kœnigsmarck (Paris, 1856) ; Schaumann : Sophie-Dorothea und Kurfürstin Sophie von Hannover (Hanovre, 1879).