Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/101

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par Achille, auquel le général Marulaz, emporté, criait d’une voix de stentor : « Hardi, mon poulet, hardi ! Fends-lui le c… ! Fends-lui le c… ! » Attirée par ce bruit extraordinaire, ma mère parut tout à coup avec une de ses amies qui était chez elle pour l’instant ; et elles eurent un rire fou à la vue du brave Marulaz, en uniforme, montant à l’assaut dans les escaliers et vociférant une phrase par laquelle on n’a pas l’habitude de commencer une visite !

Le débarquement de l’Empereur à Cannes vint troubler la quiétude générale et bientôt la plupart des fonctionnaires et hommes politiques, dignes de figurer dans l’ordre de la Girouette, s’orientèrent avec empressement vers l’astre impérial. Leur état d’esprit fut résumé en nouvelle de la façon suivante :

« L’exterminateur a signé, le 25 février, un traité d’alliance, on ne sait avec qui. Le 26, le Corse est parti de l’île d’Elbe. Le 30, Buonaparte est débarqué à Cannes avec six cents hommes. Le 4 mars, le général Bonaparte s’est emparé de Grenoble. Le 2, Napoléon a fait son entrée à Lyon. Hier l’Empereur a été reçu à Fontainebleau au milieu des acclamations et Sa Majesté Impériale et Royale est attendue aux Tuileries demain 20 mars, jour anniversaire de la naissance du Roi de Rome. »

Dès que la marche triomphale de l’Empereur fut connue, on s’occupa d’organiser au chef-lieu du département une compagnie de cavalerie, composée de jeu-