Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/125

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plus de confiance, de tranquillité d’esprit, que, d’une part, ses discours à la tribune lui valaient les applaudissements frénétiques d’une foule enthousiaste, et que, de l’autre, il allait recueillir les beaux deniers comptants d’une fortune qu’il n’avait pas le projet, lui, de distribuer en œuvres de bienfaisance.

Oh ! le vieux roué, le vieil hypocrite ! Que fit-il en effet dans cette circonstance ?

Il agit d’une manière diamétralement opposée aux principes qu’il avait établis naguère, aux acclamations des masses. Il reçut, avec courtoisie, les trois indignes millions qui lui revenaient pour sa part au gâteau de l’indemnité ; il les serra avec soin dans son tiroir et les garda. Et la foule stupide continua d’applaudir au désintéressement du général Lafayette. L’esprit de parti est en tout temps si aveugle, si absurde, que les partisans de la garde nationale de Paris trouvèrent tout simple que leur héros conservât l’énorme dividende qui lui revenait du milliard, comme ils trouvaient tout simple, par un esprit de contradiction des moins réfléchis, mais assez ordinaire dans l’espèce, que le duc de Richelieu eût fait don à la ville de Bordeaux de sa dotation si justement, si noblement obtenue.

Le général Lafayette aurait fondé un établissement de bienfaisance avec le produit de sa bribe du milliard, qu’il n’eût pas encore été l’égal du duc de Richelieu en générosité. Le général Lafayette avait combattu le projet de loi comme contraire à la justice, à