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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/143

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Le mariage, pour la fille de mon préfet, ressemblait à une énigme dans laquelle elle ne voyait qu’une pieuse cérémonie d’église et une utile adoption. Le lendemain de la noce, le bruit courut parmi les gens de la maison et les serviteurs que Mlle Stéphanie s’était jetée hors du lit à l’approche de son époux, qu’elle s’était agenouillée, le suppliant de ne lui porter aucune atteinte, et que le mari, inquiet, troublé, effrayé même de son exaltation fébrile, avait passé la nuit sur un fauteuil en vaines prières.

Puisque nous en sommes aux révélations intimes, il y en a une assez importante qui doit ici trouver sa place. La première grossesse de Mme d’Houdetot fut parfaite et tout annonçait que son enfant viendrait à merveille, mais point ; elle accoucha d’un gros garçon bien conformé, mais mort dans le sein de sa mère trois ou quatre jours avant sa naissance. Consultation des plus habiles médecins de Paris, qui tous sont d’accord sur le fait principal, à savoir la mort de l’enfant, mais qui décident, quant à la cause de l’événement, qu’ils n’y comprennent rien ; que cependant leur avis unanime est qu’à sa première grossesse Mme d’Houdetot fasse le moins de mouvements possible, et qu’elle en passe toute la durée sur une chaise longue ou dans son lit.

Les prescriptions furent, on le pense bien, religieusement suivies, et comme la première fois, aucun malaise, aucune indisposition sérieuse, aucun fait particulier ne vinrent troubler la quiétude pleine d’espé-